Dimanche 27 juin, nous rendions hommage au 7 hommes assassinés le 29 juin 1944 à Rillieux-la-Pape parce qu'ils étaient juifs.
Nous étions rassemblés pour honorer leur mémoire et récuser avec force tous les récits négationnistes, toutes les formes de haine, d'antisémitisme et de racisme.
Mon allocution au cours de la cérémonie :
"Il y a 77 ans, à l’aube du 29 juin 1944, 7 juifs étaient assassinés ici, devant le mur ouest du cimetière de Rillieux. Ce crime antisémite, raciste,
inhumain est le témoignage funeste de l’adhésion d’une partie des Français de l’époque à l’idéologie mortifère nazie.
Dirigée par Paul TOUVIER, la milice française, aveuglée par la haine, épris de l’infâme volonté génocidaire, avait enlevé, terrorisé pendant plusieurs heures
leurs sept futures victimes. Sans sentiment, sans empathie, sans humanité, ils ôtèrent la vie à sept hommes parce qu’ils étaient juifs.
Emile ZEIZIG était commerçant à Sainte-Foy-Lès-Lyon. Il a été enlever en fin de journée, le 28 juin 1944, dans sa maison, après avoir été tabassé sous les
yeux de son épouse. Il avait 57 ans.
Claude BENZIMRA qui était décorateur à Lyon, a été enlevé le même soir. Il était le frère d’un maquisard, Gérard BENZIMRA qui apprendra la nouvelle de sa
mort plus d’un mois plus tard. Il avait 24 ans.
Léo GLAESER est né en Lettonie. Devenu avocat à Paris, ce passionné de littérature française qui fut l’organisateur en 1937 du Congrès international de
défense de la culture juive contre le nazisme avait 57 ans.
Louis KRZYZKOWSKI, d’origine polonaise, était fabriquant de jouet. Il avait 46 ans.
Maurice SCHLISSELMANN, né à Varsovie, était un maroquinier lyonnais. Il avait 64 ans.
Siegfried PROCK, né à Vienne, a été arrêté à l'hôtel du Helder, rue de Marseille à Lyon alors qu’il vivait sous une fausse identité. Il avait 42
ans.
La septième victime était un inconnu dont on ignore encore identité l’identité.
Nous ne les oublions pas. La France, la ville de Rillieux-la-Pape n’oublient pas le destin tragique qui les ont conduits ici.
Nous n’oublions pas pourquoi leur vie a été injustement enlevée, pourquoi ils ont été lâchement assassinés. Nous n’oublions pas la terreur
qu’ils ont vécue, et la douleur de tout un peuple, celle ressentie par toutes les personnes déportées, enfermées dans les camps de concentration, tuées pour
leur origine, pour leur religion, pour leur culture.
Par notre présence, nous sommes unis pour honorer leur mémoire mais également pour récuser avec forces les récits qui minimisent ou qui font abstraction de
la Shoah. Ce sont ces récits qui ont poussé le regretté Benjamin ORENSTEIN, décédé le 10 février dernier, à témoigner de l’horreur des camps de concentration dont il a été rescapé et à
s’ériger contre celles et ceux qui développent des idées négationnistes.
Nous sommes unis pour porter un message de paix, pour refuser toute forme de stigmatisation, de discrimination, de haine, de racisme, d’antisémitisme, encore
trop présents dans notre société.
Marc KNOBEL, historien, nous explique dans son enquête intitulée « Cyberhaine. Propagande et antisémitisme sur Internet », comment la haine en ligne et ses
visages mensongers, complotistes, négationnistes mais aussi antisémites, racistes, homophobes, terroristes se sont propagés à mesure que nos usages du numérique se sont multipliés et
généralisés.
Je sais toute l’inquiétude de la communauté juive à l’égard de ces phénomènes et je mesure toute la mobilisation de ses instances représentatives pour les
combattre quotidiennement. Et face à ceux qui, insidieusement ou de façon assumée comme ce fut encore tout récemment le cas dans les médias, font resurgir les thèses infâmes et la haine qui
ont conduit à l’assassinat de ces 7 hommes, vous me trouverez à vos côtés.
Merci"